mercredi 18 novembre 2009

Atelier d'écriture : travail sur le lipogramme

La résidence d'écrivain d'Hervé Mestron à la Charité-sur-Loire avait, entre autre, réuni un groupe d'adultes autour du plaisir des mots et de l'écrit.
Après son départ, le travail a continué. Aujourd'hui, ces amoureux des mots continuent à se réunir tous les mois pour un atelier d'écriture. Chaque fois, l'animateur est différent ainsi que les techniques ...

Atelier d’écriture de L’Ilot-Livres du 9 novembre 2009
Animé par Valérie Brillant Detuncq


Travail sur le lipogramme

Le but était de choisir un mot dans mon « Abécédaire du manque »,
ou son propre mot autour de cette même notion.

Si le mot commençait par une consonne, enlever une des voyelles,
pour que tous les participants aient à peu près la même contrainte.


Vide sans « i » par Lydie D.

Papa,
Tu es toujours là, tu me manques déjà, tes yeux bleus sont toujours bleus pourtant le bleu de l’été n’est plus là.
Le bleu de l’automne, plus foncé, comme de l’encre a submergé la vague bleue de tes yeux.
Tes bras ont porté l’amour, la force, le courage et en ce moment tes bras frêles portent la douleur, la souffrance, l’arrêt du combat.
La mort, elle guette déjà.
Ton cœur est fort pourtant trop de lutte déjà.
Etre encore là, ce week-end, dans quelques jours, pour Noël sûrement te dévore à chaque pensée.
Te parler, être là, ne pas oser, pudeur, peur, amour, nous rassemble dans un calme effrayant.
Je te promets de transmettre ce que tu es, ce que tu m’as donné.
Dans mon cœur tes yeux resteront bleus



Absence sans « a » par Michelle R.


Cette rue est vide, une vigne vierge dépouillée de ses feuilles étonne en ce début d’octobre. Le cimetière tout proche, désolé, s’étire vers le nord de cette ville.
Une pensée vrille le cœur de l’homme : mourir est l’horreur définitive et percute de plein fouet.
Nos cœurs endeuillés soumis sous cette perpétuelle ombre.
Plus de joie, terminé le bonheur, c’est une condition de l’homme que l’on ne peut contourner.
Bien sûr, vivre reprend le dessus, le désespoir n’est nullement définitif, puisqu’une mort est compensée d’une vie.
Perpétuité pour l’espèce et souvent oubli de cette fin que l’on ne peut éviter.
Le bonheur comble de temps en temps ce vide.




Vide sans « i » par Françoise T

Anna a fermé les yeux
Anna n’a pas eu le temps de penser
Anna a sauté
Elle a commencé à plonger tel un lourd rocher.
Brusquement, sa chute s’est arrêtée.
Elle a commencé à planer
Elle a hurlé :
« Je vole, je vole ! »
Du bleu, du bleu partout, sauf un nuage tout blanc.
Duveteux, pelucheux….
Elle s’allonge, s’enfonce, s’endort.
Son songe peut durer l’éternité.
Elle n’a plus peur de tomber.



Fugue sans « e » par Françoise G

Un matin, il faisait si chaud, trop chaud
Alors Marco a fait un pas hors du parc
Il lui fallait du frais, du grand frais.
Un sapin fut d’abord son but
Mais trop fin, il n’abrita pas d’un rayon brûlant
Marco traîna plus loin
Toujours plus loin
Un trou dans un roc l’attira
Lais si profond, trop profond
Il n’osa pas s’y blottir
Alors il continua
Marcha, marcha
N’ayant plus la notion du parcours accompli
Soudain Marco stoppa
Qui aura vu sa disparition ?
Qui aura du chagrin ?
Qui vivra moins sans lui ?
No body
Marco continua sans fin.




Kief sans « i » par Philippe S

Alors mon garçon, des heures qu’elle te cherche sans te trouver, peut-être en levant sa tête un peu au dessus de la fumée funeste de ce troupeau égarés, elle t’apercevra là, en haut de l’arbre.
Tu ne la verras pas, trop occuper à fumer, parler et observer les comètes.
Et même, qu’elle montera à l’arbre, sans te déranger et posera ses fesse sur la branche d’à côté.
Alors, elle attendra de se transformer en comète pour que tu la remarques et l’embrasse pour alors qu’elle s’embrase.



Invisibilité sans « i » par Rita P

J'adore observer en cachette les danseuses avec leur tutu vaporeux. Doucement, je les effleure, je les caresse, elles tremblent un peu; le vent, sans doute…
Et l'odeur de la colophane qu'elles mettent au bout de leurs chaussons car sans ça, gare à la chute!
En revanche, les chanteurs, je les exècre. Ça va, ça parcourt les travées en poussant des Ah! et des Oh!, les murs en tremblent. Et les chanteuses! De grosses dondons aux énormes mamelles, gueulant, hurlant, pleurant sans retenue. Et quand c'est Wagner au programme…
Je ne peux même pas me boucher les esgourdes. Plus de bras, plus de paluches, juste… le néant avec un drap blanc jeté dessus et un boulet au bout d'une gourmette.
Ah, j'vous jure, c'est pas drôle tous les jours d'être le fantôme de l'Opéra!



Quarantaine sans « a » par France B.

GRIPPE H1N1 :
le gouvernement communique
Les médecins doivent ordonner l’éviction des individus suspectés de grippe H1N1.
Seule une guérison complète certifiée peut rompre cet isolement.
Ces personnes pourront reprendre leurs fonctions. Il est confirmé que leurs émoluments seront suspendus pour le temps de leur éviction.

2 commentaires:

  1. Une famille, c'est une famille l'îlot celle du partage , de l'amitié et ... des mots. LyDie

    RépondreSupprimer
  2. que de souvenirs, de mots, d'amour

    RépondreSupprimer