lundi 25 mai 2009

"Deux articles de presse pour une création"

Petit rappel : A partir de ces deux textes, chaque écrivain en herbe doit poursuivre l'écriture de manière réaliste ou absurde ou fantastique. Le but étant d'utiliser un récit ancré dans la réalité pour décoller dans l'imaginaire.

Les articles pour l'inspiration :


La création : LA FOLIE DE ROSALIE

Aujourd'hui est un grand jour ! Rosalie a décidé de prendre sa liberté. Elle ne supporte plus la petite vie tranquille qu'elle mène auprès de Monsieur et Madame Juvigny.
Pourtant, sa situation est enviable. Elle est La voiture du Docteur ! Parce qu'il faut bien le reconnaître, c'est quelqu'un d'important le Docteur Juvigny.
Elle parcourt avec lui toutes les routes de la région et .... les chemins aussi.
Et ça, elle ne veut plus : les ornières, la boue, les gros cailloux qui blessent les pneus. C'est vrai, elle est invitée partout, elle va dans toutes les réceptions. Elle a toujours la meilleure place lors des grands dîners chez Monsieur le Maire. Et ces jours-là, sa carrosserie brille, ses chromes étincellent.

Pourtant, vu ce qui s'est passé la semaine dernière, elle sait qu'elle atteint la limite du supportable. Une grosse pierre a fait éclater une de ses roues, lors d'une de ces jolies balades dans la campagne... Elle a dû, comble de la honte et du ridicule, être remorquée par Pipo le cheval du vieil Anthelme. Tous les deux aussi mal embouchés l'un que l'autre. Elle était couverte de boue, de brindilles et de feuilles. Ah ! Ils se sont bien moqués d'elle tous les deux. Anthelme se claquait les cuisses en hennissant encore plus fort que son cheval.
La boule s'est mise à monter dans son carburateur. Elle a fait un effort énorme pour ne pas fondre en larmes. Elle s'est sentie trahie, salie, humiliée. Alors, elle a pris sa décision : " Changer de vie ".

C'est pourquoi, quand Monsieur et Madame Juvigny ont décidé de faire une petite promenade par ce bel après-midi de printemps, elle était prête...
Tout était presque trop facile. Elle était garée sur le quai, le long de la Loire. Madame Juvigny était très élégante et portait un joli chapeau bleu assorti à sa robe. Le docteur s'est approché. Il a donné un, deux, trois tours de manivelle. Et c'est parti ! Rosalie a pris les choses main. Elle a reculé, reculé, franchit le trottoir, brisé la barre de fer. Et hop ! Elle a sauté dans l'eau. Elle a beaucoup ri en voyant la tête de Monsieur Juvigny. " Ça t'apprendra à te moquer de moi ! " lui a-t-elle crié. Elle n'est pas sûre qu'il ait compris. Peu importe ! A présent elle est libre.

Elle glisse doucement sur le sable. Elle est entourée d'eau : dessus, dessous, partout. C'est un monde nouveau. Elle regarde les poissons qui nagent autour d'elle. Elle est étonnée car ils ont l'air affolés. Une grosse ablette semble hurler des ordres : " Alerte à la marée noire ! Alerte à la marée noire ! Rentrez chez vous ! Vite ! "
" Mais de quoi parlent-ils ? " se demande-t-elle. Elle regarde à contre-courant. Au loin l'eau semble d'un beau bleu, trop bleu pour que cela soit normal. Et cela se rapproche de plus en plus. Elle doit fuir, elle aussi. Elle suit les poissons et se met à nager. Bien sûr, elle ne va pas très vite. D'habitude les voitures roulent, elles ne nagent pas.

Pauvre Rosalie ! Elle comprend qu'elle ne pourra pas s'échapper à temps. Et pour aller où ? Elle n'a pas d'abri où se réfugier. Elle finit par se résigner et s'immobilise. Elle est bientôt recouverte d'une matière poisseuse. Elle renifle avec dégoût : " Pouah ! On dirait de l'huile, et pas fraîche encore ! " Elle pousse un soupir désespéré. La grande aventure s'arrête là. Elle n'a plus qu'à attendre la décrue et le vieil Anthelme avec Pipo, pour la sortir de là.
Dire qu'elle était si contente de changer de vie. Il faut croire que ce n'était pas si facile à faire !


Françoise T.

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