samedi 2 mai 2009

Deuxième atelier d'Hervé avec des adultes à la bibliothèque


Toujours pas de date !

On confirme : cet atelier est une bulle d'oxygène en dehors du temps

Hervé fait circuler une photo (qui fait partie de notre collecte). On peut voir une jeune femme au sourire éclatant assise sur une rambarde en bois.


Hervé ouvre la fabulation : Cette jeune femme se nomme Marie Pierre. Elle a disparu en 1971. Cette photo a été prise avant le drame. Il lit un texte bref qui donne quelques éléments de ce drame (une disparition, un sac retrouvé, ...) puis il rédige sur le tableau quelques questions, des pistes d'écriture
1. Qui est Marie-Pierre ?
2. Que faisait-elle le soir sur les berges de la Loire ?
3. Qui a déclaré sa disparition ?
4. Ce que Marie-Pierre voit ou ne voit pas ?
5. Ce qui arrive réellement ?
6. La disparition de Marie-Pierre
7. Pourquoi, elle ne revient pas ?
8. Ce qui change après la disparition de Marie-¨Pierre ?
9. La Loire et Marie-Pierre
10. Monstre de la Loire

Après avoir demandé à chaque participante d'avoir une pensée émue pour Marie-Pierre, chacune tire au hasard un petit bout de papier sur lequel apparaît un nombre. Celui-ci indique la partie que nous devons rédiger.
Exemple N° 1 : Qui est Marie-Pierre ?

Hervé fait également circuler un tas de photos dans lequel nous pouvons, si nous le souhaitons, en puiser une afin de fertiliser notre imaginaire.

En mettant un peu de musique, Hervé tente de nous immerger un peu plus au fond de nous-mêmes et de nos émotions... ....des réticences se font sentir. La musique semble parasiter la concentration.

Textes réalisés :

1.Qui est Marie-Pierre ?
" Marie-Pierre est une jeune femme ravissante à regarder, fine et légère, sa silhouette "moderne" lui donne l'apparence d'une actrice de cinéma américain.
Amoureuse de la nature, elle aime se promener, rêver, penser sur les bords de la Loire. Les couleurs du ciel, les reflets multiples l'emmènent chaque soir en voyage....des voyages qu'elle s'autorise pour l'aider à vivre son quotidien parfois si lourd; parce qu'elle sait bien que son imagination lui permettra d'avancer plutôt que de sombrer.
La musique de l'eau, le rythme des flots rappellent à son cœur cet amour interdit puis ce bébé qu'on lui a pris.... Petite fille heureuse, dans une famille aisée et attentionnée, jamais elle n'aurait pu imaginer qu'un tel cahot brise sa vie en mille morceaux. Sa silhouette si légère ne peut pas refléter ce lourd chagrin qui à la Loire la retient. Mais Marie-Pierre à la force, la force de son grand-père marinier, qui ici l'a bercée. Ce soir, elle l'a décidé : les étoiles de la Charité vont recommencer à briller. "
Lydie D.


2. Que faisait Marie-Pierre le soir sur les berges de la Loire ?
Depuis quelque temps un bruit étrange court dans la Charité. On dit qu'il y a du mouvement sur les berges un peu à l'écart de la ville.
On a entendu des cris a dit La Marie et des grognements ajoute le Jean-Pierre et même des pleurs murmure la Juliette. On a vu une silhouette bizarre à la nuit tombée, ça c'est le René qui posait ses nasses qui l'a dit et même qu'il a pas demandé son reste, il en a même laissé sa nasse sur place. Il n'est pas retourné la chercher.
Tout le monde évite ce lieu. On l'interdit aux enfants. Les chiens même s'en détournent alors vous voyez bien qu'il y a quelque chose de pas ordinaire. La peur s'est installée.
Marie-Pierre a entendu toutes ces rumeurs, elle a même lu les articles dans le Charitois.
Elle, elle a pas peur, elle est très intriguée, même très intéressée et même très excitée. Enfin, il se passe quelque chose !! Ce matin de bonne heure, discrètement elle a longé la berge, scrutant le rive abrupte à cet endroit.. Longtemps, elle n'a rien vu.
Et puis brusquement, tout en bas de la pente, dans les herbes et les ronces, elle a vu un amas de tombes éventrées, comme suspendues, à peine accrochées à la terre ravinée.
Plusieurs tombes comme jetées là avec force. Qui a bien pu faire cela ? C'est lourd des tombes !!
Il y a bien un mystère. Ce soir, elle revient. La lune éclaire son chemin. C'est bizarre, elle n'a aucune appréhension, elle est curieuse, impatiente.
Quelque chose va se produire, elle le sent. Elle se dissimule à proximité sur un tronc, s'arme de patience. Elle se met à frissonner .....
Françoise G


3. Qui a déclaré sa disparition ?
C'est le surveillant du bâtiment A qui a déclaré la disparition de Marie-Pierre, à la gendarmerie de la Charité-sur-Loire, la jeune femme ne s'étant pas présentée au réfectoire ce soir là.
C'est une patiente, tranquille et discrète. Elle réside chez nous depuis trois semaines. Depuis la semaine dernière, elle pouvait sortir en ville, l'après-midi, c'est une femme d'une trentaine d'années, fascinée par la Loire. Elle l'a découverte depuis la fenêtre de sa chambre. C'est assez curieux, elle n'est pas domiciliée sur la commune, son mari et elle habitent Tours. Ils passaient quelques jours de vacances quand elle a eu ce moment d'égarement. Je me demande si elle ne retrouvait pas quelqu'un sur les bords de la Loire. Elle a en tout cas, un rapport particulier avec la Loire. J'ai eu l'impression qu'elle ne souhaitait pas regagner son domicile dans l'immédiat, qu'elle avait besoin d'être là , je me demandais si son craquage nerveux était réel ou simulé !
Un autre élément inquiète le surveillant. Marie-Pierre n'est pas la première jeune femme à disparaître en bord de Loire.
Je ne crois pas à l'éventualité d'un suicide. Il est sans doute trop tôt pour s'avancer mais je le ressens ainsi. Un détail me revient, elle parlait souvent du vol des grues. C'était un discours récurent chez elle. Et le fait est, qu'elle s'est envolée comme ça.
Maryline B.

4. Ce que Marie-Pierre voit ou ne voit pas ?


5. Ce qui est réellement arrivé?
Soudain, la voisine se souvint que Marie-Pierre aussi écoutait sans cesse les Variations Goldberg. Elle avait d'ailleurs remarqué chez elle une curieuse manie : durant l'écoute, elle prenait des notes, sortait de la poche de son chemisier blanc (elle portait toujours des chemisiers blancs immaculés) de curieux instruments comme un marin qui aurait cherché sa route.
"Le Michel, i fsait pareil" dit aussitôt l'épicière qui avait tenté, en vain, de séduire ce grand homme élégant et toujours aimable.
"Et les autres, est-ce qu'i f'saient pareil ? " demanda tout à coup le patron du bistrot, tout heureux de pouvoir enfin se mêler à la conversation.
Des recherches furent menées. On croisa toutes les informations que l'on avait au sujet de ces disparitions mystérieuses : quinze ente janvier et octobre 1971, ça faisait vraiment beaucoup et on avait beau guetter nuit et jour, scruter les berges, examiner les troncs d'arbres secs, remuer la vase, sonder les profondeurs de l'eau, le monstre dont l'existence semblait unanimement admise restait introuvable.
Je crois que c'est l'instituteur qui eut l'idée de demander conseil à ce jeune homme qui jouait de l'orgue à l'église, le dimanche, et donnait des leçons de piano aux demoiselles de la Charité.
Lui aussi avait une véritable passion pour Bach, qu'il appelait familièrement Jean-Sébastien et dont il connaissait par cœur tout le Clavier bien Tempéré.
"Elle a peut-être fait une fugue" dit-il en rigolant la première fois que l'instituteur vint le voir mais il se calma vite en constatant que l'autre ne goûtait guère son humour.
"Hum, eh bien oui, oui, je connais les Variations Goldberg, mais sincèrement je ne vois pas ce que je peux faire pour vous. Des annotations, dites-vous, des mesures ?"
Perplexe, il sortit de sa bibliothèque la partition jaunie qu'il tenait de son grand-père et se mit à jouer.
Une fois. Rien, à part la magie intacte de ce thème si serein que venaient bousculer les variations.
Il les joua une deuxième fois.
Toujours rien, mais il lui sembla entendre de petits sons curieux qui n'étaient pas ceux de son cher piano.
Il tendit l'oreille...
Une troisième exécution s'imposait. Cette fois-ci, les sons étaient clairement perceptibles. Ils venaient de la Loire, là, sous ses fenêtres.
Le monstre !
Puis il aperçut des lueurs qui montaient de l'eau, d'abord voilées puis de plus en plus perçantes... et ce bruit qui augmentait et lui taraudait les oreilles.
Une soucoupe volante ! Ou plutôt non, une soucoupe sous-marine, il n'avait jamais rien vu de tel, même au cinéma.
Quoi qu'à y bien réfléchir, il se souvenait de ce film où les hommes communiquent avec les extra-terrestres au moyen d'un petit motif de cinq notes. Mais là, carrément, les Variations Goldberg !
Le vaisseau accosta : une passerelle s'abaissa et ils sortirent un à un : Michel, le beau jeune homme aimé de l'épicière, Marie-Pierre, tous ceux qui avaient disparu ces derniers mois.
Suivait un étrange bonhomme, vêtu d'un costume très ancien et portant perruque, la stature imposante, l'air austère et lointain. Jean-Sébastien !
L'homme faillit s'évanouir. Il avait bien entendu parler de ces théories abracadabrantes selon lesquelles Bach était trop intelligent pour être humain, il avait lu ces livres faisant état de ses rapports compliqués avec les nombres.
Il n'y avait pas cru.
Et là, d'un coup, il en avait la preuve. Jean-Sébastien Bach était un martien et lui, simple mortel, avait été élu pour le suivre, tout comme Marie-Pierre et les autres.
Il se leva, comme hypnotisé, ouvrit la porte de la maison, traversa le jardin, franchit le portillon de la clôture.
Jean-Sébastien et les autres l'attendaient, debout sur la berge.
Rita P.



6. La disparition de Marie-Pierre
J'ai envie de changer de vie car la mienne m'ennuie. Je vais mettre en scène ma disparition : les enquêteurs et journalistes auront matière à chercher et écrire.
Je m'habille, prend mon sac à main avec mes papiers. Je m'engage sur la grève près du pont face au Grand Monarque. Je laisse tomber mon sac près d'une grosse souche laissée par la dernière crue. Là, je mets des bottes trop grandes et emporte mes chaussures pour brouiller les pistes, et m'engage plus loin dans la végétation. Là, dans la friche, je dégage un bateau que j'ai caché il y a quelques jours. Je le traîne jusqu'à un bras de la Loire et m'embarque vers une autre vie.
France B.


7. Pourquoi, elle ne revient pas ?
Les jours passent. Les heures s'écoulent et marquent leur passage de leurs griffes acérées. Marie-Pierre ne revient pas ! Marie-Pierre ne revient pas !
Depuis son départ, un gouffre s'est ouvert au cœur de ma chair. C'est un vent glacial qui s'engouffre et me cisaille les entrailles.
Marie-Pierre ne revient pas. Marie-Pierre ne revient pas.
Monsieur Jean, il m'a dit que " La Marie-Pierre a force d'attendre son homme, depuis trop longtemps, elle est partie le chercher, le chercher au bout des mers. Et elle risque de le chercher longtemps puisqu'il est mort en 1971 avalé par la Loire. "

Madame Jeanne, elle, elle pense que Marie-Pierre, avec son sourire de bienheureuse et ses idées en vrac, elle a dû se perdre le long de la Loire. Et elle marche encore pour retrouver la porte de son asile.

Madame Sophie, elle, elle ne l'aimait pas la Marie-Pierre. Elle raconte de partout qu'elle n'est qu'une traînée. Avec ses jupes volant dans le vent et son sourire aguicheur, elle s'est faite embarquer par un maquereau. Elle dit même qu'à une époque quelqu'un l'a vu racoler près de la place Pigalle à Paris. Aujourd'hui, elle est sûrement quelque part, dans un taudis au cœur d'un quartier où elle vie enchaînée comme une bête.

En sortant de l'église, Mme Marie dit qu'elle prie chaque jour pour Marie-Pierre, car c'était un ange. Elle avait bien remarqué quelques temps avant sa disparition que de petites bosses apparaissaient dans son dos. Marie-Pierre est retournée au ciel. Ange parmi les anges. La preuve, le soir de sa disparition, Mme Marie a trouvé sur son paillasson une plume ....pas n'importe quelle plume : une plume d'ange.

Madame Christine, qui elle est la langue de vipère locale, dit que Marie-Pierre était une vouivre. Le soir où elle a disparu, elle a vu le ciel s'assombrir. Il est devenu bleu "encre". La Loire a demandé à récupérer son bien. Elle avait donné à Marie-Pierre le pouvoir d'être femme pendant 10 ans. 10 ans sans vouivre, sans le bruit métallique des écailles qui sifflent dans l'air. On a dit de partout que c'est la pollution qui avait fait disparaître la vouivre ! Non !
Aujourd'hui, les soirs d'orage on entend à nouveau son sifflement. On voit la Loire onduler comme une bête en furie. C'est la Marie-Pierre qui hurle sa colère d'être redevenue une BETE !!Un bête privée d'amour et des caresses de son homme ! une bête ! une bête !

Chacun donne sa version... mais moi, moi je sais et c'est pour cela que je tremble. C'est pour cela que j'ai peur, que j'ai froid. Marie-Pierre n'était qu'un songe, un jour heureux ! La noirceur de nos vies et de nos âmes a tué notre capacité à rêver. On nous nourrit d'images synthétiques violentes. Comme des virus, elles envahissent notre cerveau et détruisent notre capacité à être heureux. Marie-Pierre a été effacée de nos cerveaux ..nos cerveaux . S'il vous plait appuyer sur OFF !! Appuyer sur OFF !!OOOOOOOOOOFFFFFFFFFFFFFFF !!!!
Patricia A

8. Ce qui change après la disparition de marie-Pierre ?
Nous ne rencontrons plus Marie-Pierre dans les rues de La Charité, elle nous laisse un vide, une peine immense et surtout des dizaines de questions : pourquoi? comment? à quel moment ?....Ses gentilles salutations et les quelques mots prononcés, toujours les mêmes, nous manquent. Ses voisins de la rue des Bancs- Vieux se réunissent pour parler d'elle et essayer d'expliquer, certes elle connaissait bien les bords de Loire, depuis longtemps, elle les pratiquait tous les jours par tous les temps, mais qui peut prétendre ne pas se laisser surprendre ; peut être a-t-elle eu un malaise ou aurait-elle perdu la tête tout à coup?
Une angoisse est née, et si quelqu'un l'avait enlevée, mais qui pourrait souhaiter enlever une grand-mère, un fou? Un malade ?
Nono, son petit-fils fait peine à voir, il n'accepte pas de ne plus voir la Marie-Pierre, il est persuadé de la retrouver bientôt, elle s'est simplement égarée, on va la lui ramener, en attendant, il erre comme une âme en peine près de l'endroit où croit-on, elle a disparu.
Denise LG

9. La Loire et Marie-Pierre ?

10. Monstre de Loire.

Certaines questions n'ont pas trouvé de texte... n'hésitez pas à nous faire des propositions (idées, textes) en ajoutant un commentaire (ci-dessous) ou en envoyant votre création à : association.l-ilot-livres@wanadoo.fr

Rejoignez nous dans l'écriture ! A vos claviers !!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire