mardi 7 avril 2009

Nouvelle production de l'atelier "Marée de mots"


NOUVELLE PRODUCTION DE L’ATELIER "MAREE DE MOTS"


A vous de chercher les mots d’autrefois et leur définition.


Poisson de lune

Poisson de lune est le surnom qu’on lui avait donné. Cela sonnait mieux que Francis le Bossu, le bébé abandonné du bord du fleuve par une nuit de pleine lune.
Il parlait peu le Francis. Parfois, il ouvrait la bouche, la refermait et aucun son ne sortait. Muet comme un brochet disaient les habitants du faubourg.
Tout vieux qu’il était, Francis aimait toujours autant aller contempler la Loire, la nuit.
Le mouvement de l’eau berçait ses insomnies, lui racontait les voyages qu’il ne ferait jamais. Il oubliait alors l’immense solitude qui meurtrissait ses jours. En d’autres temps, Francis n’était pas seul la nuit. Il se rappela quelques rassemblements des gars du faubourg au moment de la guerre, celle de 40, et les glissements silencieux des poissons pêchés clandestinement la nuit avec des engins prohibés. Francis ne pêchait pas. Il n’était alors qu’un enfant qui regardait fasciné, sans comprendre tous les tenants et les aboutissants, les gestes des adultes.
En regardant la Loire, une dernière fois avant de rentrer, Francis eut une pensée émue pour tous les hommes décédés depuis bien des années.

-Toue, Toue, Toue, toue, touille !
La voix du souvenir résonna dans la nuit et réveilla le dormeur. Francis se demanda s’il rêvait. Il décida que oui. La grand-mère préparait son linge pour le bateau-lavoir. Il fallait le faire bouillir avant que de l’emmener. Tourne le temps, tourne le sale. On lavait le linge peu souvent.
- Toue, toue, toue, touille !
Francis obéissait à l’ordre donné. Son esprit s’évadait. Il se voyait à bord d’un de ces bateaux plats de Loire comportant une cabane. Il y élirait son domicile d’été.
- Ne musse pas gueula la vieille.
La grand-mère n’avait pas que ça à faire. Francis se remit à touiller le linge. Il aurait bien aimé disposer d’un lieu où se cacher.

On retrouve Francis, une autre nuit, emmitouflé dans sa gabare. C’est une nuit froide qui requière l’usage de l’anorak. Certaines nuits, Francis a mal à sa bosse, comme d’autres ont du vague à l’âme. Il se souvient du temps où des bateaux descendaient la Loire. Des familles entières occupaient des grands bateaux de transport de Loire, à fond plat, à faible tirant d’eau. Les gosses faisaient de grands signes de la main aux habitants du faubourg qui les regardaient depuis la rive.

- Laca aller se coucher décida Francis dans un mouvement de regret. C’était là la meilleure initiative à prendre. Une pluie torrentielle se mit à déverser des tombereaux d’eau sur la silhouette du petit bossu.

Maryline B.

Bientôt une autre production surprenante sera en ligne...

2 commentaires:

  1. Tous si différents, nous formons pourtant un groupe réunit autours d'une même passion : Les mots. L'atelier est intense, la richesse et le partage immense..........Merci l'îlot de nous permettre de vivre ça,et vivement le 23. LD

    RépondreSupprimer
  2. Atelier 3 : Viviane, ton article était un très beau point final, il a cloturé notre 3èm atelier en beauté..........vivement le 23. LD

    RépondreSupprimer