vendredi 17 avril 2009

Nouvelles productions de l'atelier "Marée de mots"

TROIS NOUVELLES PRODUCTIONS DE L’ATELIER "MAREE DE MOTS"


"Il’m saoule! Il est encore allé chaver sur mon blog, cet ahuri!"
C’est comme ça tous les jours. Dès que l’un d’eux allume l’ordinateur, c’est la guerre. En plus, je ne comprends rien à ce qu’ils disent, un micro langage de collégiens nivernais… Pas de bol, je suis née à Paris.

"Je t’ai déjà dit de parler autrement de ton frère! Et puis, il fait beau, tu pourrais faire autre chose que rester planté là devant un écran.
- Faire quoi?
- Ben, sortir, aller te balader… aller pêcher avec ton père…
- J’ai même pas de canne à pêche.
- T’as qu’à attraper le poisson à la main, banane!
- C’est fou c’que t’es marrante quand tu t’y mets."

Non, décidément, non, je ne réussirai pas à le faire sortir. Quoique…

"Et si tu travaillais un peu ton solfège?" lui glissé-je d’un ton sournois.

Et zut! Voilà l’autre qui arrive. La bagarre est inévitable.

"Alors, crétin (je traduis, il n’a pas dit crétin), tu es encore allé sur mon blog ?
- J’ai pas fait esprès…
- Exprès, s’il te plait.
- Exprès! Laca fermer sa session correctement, la prochaine fois.
- Il n’a qu’à!".

Ça me fait penser qu’il va falloir l’emmener tout à l’heure chez l’orthophoniste… comme si j’avais que ça à faire. Et encore, aujourd’hui, il fait beau, ça va, l’autre fois, il pleuvait des cordes. Une pluie tor-ren-tiel-le! Il a fallu sortir les bottes en caoutchouc.
Quand Vladimir m’a vue avec ça, il n’a pas pu s’empêcher de se payer ma tête. Pourtant, j’avais mis un joli pull un peu décolleté pour mettre en valeur le médaillon qu’il m’avait offert pour mon anniversaire (l’antiquaire m’a dit que ça s’appelle une bosselle, c’est un bijou rarissime et très ancien), pendant ce week-end où nous étions partis tous les deux, en amoureux. Il m’avait appris à attraper les anguilles dans des casiers en osier, comme il le faisait autrefois dans sa Russie natale.

Nous avions pris une chambre dans un bled perdu de la Loire, un petit hôtel sympathique et délicieusement kitch, tenu par une vieille dame charmante, Madame Gabarre.
Au moment du repas, Vladimir n’avait pu s’empêcher de me sortir un de ses jeux de mots stupides qui m’agacent tant mais dont il use pour me montrer sa parfaite maîtrise de la langue française.
"Regarde, Madame Gabarre… dîne… Gabardine !" s’était-il esclaffé en voyant mon air dépité.
Puis un grand bateau est passé sur le fleuve, devant la fenêtre de la salle à manger, un bateau bizarre à fond plat, comme une semelle de fer à repasser, ai-je songé en pensant à la montagne de linge qui m’attendait à la maison.

Vladimir a bien vu qu’il avait fait une bourde et, pour se racheter, il m’a proposé d’aller faire une balade au bord de l’eau après le dîner.
C’est à ce moment-là qu’une grande perche est entrée dans la salle à manger, une immense fille avec des souliers à bouts ferrés. Son visage me disait quelque chose, mais j’avais beau chercher… Du coup, j’en ai avalé de travers mon gâteau au miel de châtaignier.
Pendant ce temps, le bateau avançait…"
Rita P


"Dans mes souvenirs d'enfance, les mardis soirs chez ma Mamie.
Résonnent encore ses histoires, du début de la nuit.
Celles que je demandais chaque fois,
après la mousse au chocolat,
c'était les histoires de poissons, de lune et de Léon.
Léon c'était ce p'tit garçon, qui chaque fois qu'il le pouvait,
à la nuit tombée, se sauvait
pour pêcher à la façon,
celle des polissons
les poissons lune de la lagune."
Lydie D.


"Groû, groû !!!!, c’est le printemps, les grues sont de retour, nous revenons des pays plus cléments pour passer l’été dans les régions plus fraîches, nos longs vols s’étirent dans le ciel, nous voyons de haut les champs, les villes, les villages ; nous passons au-dessus de la Loire, nous sommes à mi-parcours, c’est bien on a droit à une longue pause. Le fleuve est encore bien tumultueux, seules les gabares se risquent dans le courant, elles transportent les marchandises, surtout les tonneaux de vin, de port en port, les mariniers maîtrisent avec talent, ces grandes barques à fond plat qui sont les péniches de la Loire. Tiens, je reconnais près de la berge, le jeune garçon qui chave habilement, je le vois à tous mes passages, il est là tout le temps, peut-être dort-il près de l’eau, il est vrai qu’il doit sans arrêt e perfectionner pour attraper le poisson à la main.
J’aperçois le râle d’eau qui musse dans les herbes, pas très loin du bord. Il fait des efforts pour se cacher mais il n’échappe pas à mon œil perçant.
Les pêcheurs ont remis en service les toues, à eux les longues parties de pêche et aussi, bien sûr, les siestes à l’abri de la cabane posée sur la barque.
Tout à coup, le ciel se couvre, il devient noir et inquiétant, un laca s’abat avec violence, c’est la panique sur les bords de Loire, bêtes et gens mussent de cette pluie torrentielle qui heureusement ne durera pas.
Le soleil est déjà de retour, l’activité renaît le long du fleuve, les mariniers ont repris leur bourde et se remettent à faire avancer les bateaux au rythme des longues perches ferrées.

Denise LG

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